lundi 10 août 2009

Principes de bases et techniques du Yi Quan, la boxe de l'esprit

Arts martiaux chinois - Kung Fu
Écrit par Nicolas Jucha
04-12-2008


Auteur : Nicolas Jucha

Art martial moderne car créé au début du XXe siècle, le Yi Quan (ou Da Cheng Quan) est atypique. Outre le fait qu'on n'y retrouve aucune forme codifiée, à l'image de ce qui se fait dans l'Aïkido japonais, l'art de Wang Xiangzhai se veut marier les principes clés des arts martiaux chinois à ce qu'il y a de plus efficace en Occident.


Les principes de bases du Yi Quan
La posture de l'arbre, Zhang Zhuang, requiert une grande concentration
Wang Xiangzhai pensait que les arts martiaux traditionnels s'étaient égarés en donnant trop d'importance au travail des formes. Celles-ci, travaillées de manière répétitive, étaient alors vides de sens et d'intérêt, développant au contraire de mauvais réflexes et un manque de créativité chez les pratiquants.

En créant le Yi Quan, Wang a voulu retourner à l'essence même, et travailler à la fois le corps et l'esprit. Cela devait être fait en insistant sur l'importance de la concentration dans chaque geste, dans chaque sensation.

Le but du Yi Quan est d'arriver à une unité corps-esprit du pratiquant, et de manière plus globale, de permettre à ce dernier d'être en harmonie dans son environnement, l'univers. Partant du principe que l'esprit contrôle le corps, l'entraînement se focalise sur le travail de concentration et d'imagination, que ce soit dans les exercices individuels ou à deux.
Les techniques du Yi Quan : intérêt martial, apports thérapeutiques
Dans la famille des arts martiaux chinois, le Yi Quan peut être considéré comme un Nei Quan, c'est à dire un art interne, qui privilégie le développement de l'énergie intérieure (Qi) à celui de la force purement physique. Les exercices et mouvements du Yi Quan sont ainsi particulièrement bénéfiques pour la santé, et recoupent souvent les principes du Qi Gong, art énergétique de la médecine traditionnelle chinoise.
Zhan Zhuang, la posture de l'arbre
La posture de l'arbre est l'exercice de base, le plus emblématique de la pratique. En général, l'entraînement commence toujours pas le maintien d'une des positions de Zhan Zhuang, dont les bénéfices sont multiples : un renforcement général de l'organisme, et un travail de sensibilisation à la force du corps tout entier (zhengti li).
Le sans formes, l'art de la spontanéité et de l'alternance yin yang
L'absence de formes (Taolus) est l'autre grande singularité de cet art. Cet aspect permet de mettre l'accent sur la spontanéité et la concentration.

Sans formes, le travail est principalement basé sur la notion de sensation, de travail des principes naturels du yin et du yang. Les pratiquants cherchent à développer leurs réflexes, leur sensibilité et la capacité à utiliser la force de l'adversaire comme la leur.
Peu de techniques, mais une technicité subtile
Coup de pied latéral Heng Duo JiaoLe Yi Quan créé par Wang Xiangzhai met en avant le travail de l'esprit avec des exercices comme Zhan Zhuang, les shili (sentir la force) ou le tuishou. Les mouvements ne sont pas aussi nombreux que dans d'autres arts plus anciens, mais la technicité est très subtile, à l'image de ce que l'on peut trouver en boxe anglaise.

D'ailleurs, une grande partie des déplacements et techniques de frappe (Quan Fa) sont inspirées de l'art du combat britannique. Seule la garde, avec ses coudes décollés du corps, s'en distingue clairement (ndlr : cette garde typique du Yi Quan est inspirée de la posture de l'arbre).

La majeure partie de l'entraînement (les différents Zhan Zhuang, les jibengong, les shili et le tuishou) vise à développer la force «hun yuan li», c'est à dire la force multi-directionnelle (haut-bas, centre-extérieur, arrière-avant), pour ensuite savoir l'utiliser dans tout type de situations.

Le reste n'est qu'une recherche de spontanéité et de simplicité en combat, ce qui implique un esprit clair et vif (les exercices comme shili, zhan zhuang ou tuishou exigent une concentration intense), d'où le nom de l'art : la boxe de l'esprit.