Je suis d’un  naturel impulsif, certains diront impatient.  Dans certaines situations  du quotidien, c’est exact, mais par rapport aux arts martiaux, c’est  tout le contraire.  Ce message est pour faire l’apologie de la patience  et de la persévérance dans la pratique des arts martiaux tels que le Xin  Yi Liu He et le Baji  Quan enseignés au Vajra Gym.  
Face à la roche, le  ruisseau l'emporte toujours, non  pas par la force mais par la  persévérance.
H. Jackson Brown
Pour reprendre l’image  qu’un ami avait donnée, les styles de kung  fu traditionnels que nous apprenons sont comme un diamant brut que  l’on polirait à la  main.  Le  diamant étant très dur, le polissage est  extrêmement long et se fait petit à petit.  Après 5, 10, 15 ou même 20  ans, le diamant fini par être éclatant de beauté et de perfection, mais  le travail aura été très long et aura demandé une grande persévérance.
Sifu  Stephen Ip   a été très clair une fois.  Il nous mentionnait qu’après 6 mois, à  pratique égale, un boxeur ou pratiquant de MMA aurait facilement le  dessus sur un pratiquant de Baji  Quan ou de Xin  Yi Liu He.  Cependant, après 10 ans, les probabilités seraient  beaucoup plus fortes pour que ce soit l’inverse.  Dans plusieurs  pratiques modernes, les résultats arrivent rapidement et un certain  niveau d’efficacité est atteint à l’intérieur de quelques mois.  Par  contre, il arrive souvent que ces styles sont difficilement praticables  passé l’âge de 40 ans, parce que les risques de blessures sont plus  grands, parce que ce sont des styles qui requièrent beaucoup l’aspect  physique (externe) au détriment de l’aspect interne des arts martiaux.   Dans plusieurs styles traditionnels chinois comme les nôtres, le  développement se fait tout au long de la vie et généralement, les  maîtres plus âgés deviennent de plus en plus forts grâce à un  développement interne supérieur.
Ces niveaux s’atteignent lentement, avec  une progression sur plusieurs années.  De là l’importance de la  patience et de la persévérance lorsque l’on pratique les arts martiaux  chinois traditionnels.
Reste devant la  porte si tu veux qu'on te l'ouvre. Ne quitte pas la voie si tu veux  qu'on te guide. Rien n'est fermé jamais, sinon à tes propres yeux.
Attar (Farid al-Din)
Le bouddhisme nous  offre des enseignements intéressants à ce sujet, ci-dessous, on fait  entre autre référence à la spiritualité, les arts martiaux et le yoga.
Concernant la patience :
Il n’y a pas de négativité qui soit pire que la  haine et il n’y a pas d’ascèse qui soit meilleure que la patience. Pour   cette raison, il faut sans cesse cultiver toute forme de patience
BOUDDHA
Aussi généreux que l’on puisse être et même si l’on observe une bonne conduite éthique, sans la vertu de la patience on peut toujours être sous l’emprise de
Sans la patience,  l’aversion s’enfonce en nous comme une flèche empoisonnée et la douleur  qui nous transperce l’esprit ne nous permet plus de connaître la paix,  la joie et le bien-être. Étant malheureux, nous finissons même par en  perdre le sommeil et les difficultés surviennent.
La patience  consiste à rester imperturbable en toute circonstance, sans vouloir  réduire à néant toutes les formes d’adversité qui nous échoient. C’est  un état d’esprit qui ne cherche pas à critiquer, comparer, juger, ou  toujours saisir les situations liées aux émotions telles que la haine,  la colère, la rancune, le ressentiment, la jalousie, etc.
On distingue trois  formes de patience :
-  La première est de ne pas prêter  attention au mal que nous font les autres. C’est la capacité de  supporter les coups, les invectives, les colères, les critiques, les  abus et les interférences que les personnes nous infligent.
-  La seconde est  d’accepter la souffrance que l’on subit, surtout si elle est  inéluctable. C’est faire face avec courage à tous les maux que l’on  expérimente en général dans l’existence tels que la maladie, la  vieillesse et la mort, et en particulier à toutes les épreuves que l’on  rencontre le long de notre cheminement spirituel. L’attitude de celui  qui est capable d’accepter toutes les souffrances en relation avec la  pratique spirituelle le conduit à la victoire contre le samsara et à  celle sur l’ennemi intérieur qui est l’ego. Il est véritablement un  grand héros. A l’opposé, celui qui détruit ses ennemis extérieurs,  c’est-à-dire ses semblables, est vraiment misérable et ce processus de  destruction est sans fin.
-  La troisième est l’aspiration à  reconnaître la vérité ultime, qui est la compréhension de l’absence de  réalité du soi et des phénomènes, sans peur ni doute.
L’essentiel de la  patience, c’est l’attitude d’esprit qui ne cherche pas à nuire à autrui  et qui est dépourvue d’agressivité. Mais, il faut bien comprendre que la  non-violence ne signifie pas la passivité ; par exemple, le Dalaï Lama  et Gandhi, ont été très actifs dans leur action pour la paix et avec  beaucoup de tolérance. Jadis, les moines chinois du monastère de «  Shaolin » avaient créé les arts martiaux afin de se défendre contre les  envahisseurs et les brigands, mais avec amour et compassion.
Avoir de la  patience signifie que l’on respecte fondamentalement les êtres parce que  l’on sait que c’est grâce à eux et aux obstacles qu’ils nous créent,  que l’on arrive à progresser spirituellement, à dominer notre égoïsme et  à développer une attitude plus ouverte et plus souple.
La patience que  l’on doit avoir envers le comportement négatif d’autrui repose sur la  compréhension de la situation comme étant le résultat d’un acte erroné,  commis de notre part, dans le passé. Cela devient une opportunité  offerte par quelqu’un afin de purifier un karma antérieur et celui-ci  devient alors comme un allié qui fait preuve de beaucoup de  bienveillance à notre égard. A un niveau plus élevé, il peut même  devenir une source de joie et de bonheur.
Dans le monde, la  patience procure la beauté, la santé, la célébrité, une longue vie et un  bonheur illimité. Ultimement, elle mène à l’éveil insurpassable.
Concernant maintenant  la persévérance :
Le paresseux ne possède aucune vertu  transcendante, ne fait pas le bien d’autrui et s’éloigne de l’éveil de  l’esprit. Inversement, les qualités de celui qui est persévérant ne  déclinent pas, mais s’accroissent jusqu’à la réalisation de la sagesse  infinie.
BOUDDHA
Au niveau spirituel, la persévérance est définie comme étant l’enthousiasme à faire le bien en général et à vraiment accomplir ce qui est bénéfique pour soi et autrui.
C’est également le remède aux trois  formes de paresse :
-  La paresse indolente qui est  l’attachement excessif aux plaisirs des sens, à l’oisiveté, au sommeil, à  la nourriture et à l’alcool, aux drogues, au tabac, etc.
-  La paresse  défaitiste qui consiste à toujours se dénigrer ou à penser que l’on est  incapable de pratiquer toute forme de spiritualité.
-  La paresse vile  qui est d’effectuer des actes négatifs par plaisir ou par insouciance,  tels que détruire la vie, amasser des richesses au détriment des autres,  rechercher le pouvoir ou les honneurs, etc.
Au contraire, il  faut s’armer de courage en pensant :
« Désormais et  jusqu’à ce que j’aie établi tous les êtres dans l’état d’éveil  insurpassable, je ne me départirai jamais de la persévérance altruiste. »
Il faut aussi avoir  le courage d’abandonner les tendances négatives, d’accomplir des actes  positifs et de faire le bien d’autrui avec joie sans jamais se lasser ni  physiquement ni mentalement.
De plus, la  persévérance s’accompagne d’humilité lorsque l’on ne se fait pas une  haute opinion des efforts que l’on déploie et doit être insatiable,  c’est-à-dire de ne jamais s’estimer satisfait de ses actes de bien.
Le grand yogi  Milarépa disait : « La seule raison de se lamenter se trouve dans tous  les malheurs qui sont endurés dans le monde. La seule raison de se  réjouir se trouve dans toutes les épreuves qui sont accomplies dans le  Dharma. »
Ayant pris conscience de toute la  souffrance des êtres dans le monde conditionné et ayant compris le fait  que c’est dans la pratique spirituelle que se trouve la joie ultime, on  puise dans cette motivation l’énergie de réaliser l’éveil de l’esprit.
Évidemment, il  n’est pas possible pour un débutant de méditer jour et nuit comme les  grands yogis. Mais l’important est d’effectuer une pratique régulière  chaque jour. Pour une personne laïque ayant une famille et une activité  professionnelle, le mieux est de consacrer une heure par jour à la  pratique spirituelle, de préférence le matin ou le soir, avant ou après  toute activité mondaine. Que ce soit les arts martiaux, le yoga,  la prière ou méditation, toute forme de pratique sur soi est bénéfique.  Si l’on a ni doute ni incertitude et que l’on s’applique avec diligence  à son ascèse, on triomphera de toutes des difficultés et les  souffrances.
En développant la vertu de perfection  de la persévérance, les bodhissattvas ont atteint, atteignent et  atteindront la parfaite bouddhéité.
 


 
 
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