mercredi 20 avril 2011

Raisonnement sur la peine de mort


Certains me qualifieront peut-être de tous les noms suite à cette réflexion, mais je pense qu’elle mérite toutefois d’être exprimée dans notre société libre.  Je réfléchis souvent à cette question relative à la peine de mort.  Il existe beaucoup d’arguments contre la peine de mort qui sont tout à fait solides et auquel j’adhère.  Mais malgré tout, j’ai un penchant en faveur de la peine de mort.  Je vais essayer de bâtir mon argumentation à partir du texte de Normand Baillargeon paru dans le journal indépendant « Le Couac ».

Normand Baillargeon, dont j’ai adoré le livre « petit cours d’autodéfense intellectuelle »,  se questionne à savoir si la peine de mort est justifiable.  Il utilise un raisonnement logique pour en arriver à la conclusion que non, elle n’est pas justifiable. 

Il commence en excluant que la peine de mort puisse être justifiée par un désir de vengeance.  Effectivement, même si par désir de vengeance, beaucoup pourrait être favorable à la peine de mort, il semble inimaginable que l’on souhaite se débarrasser de nos criminels par simple désir de vengeance.  Par chaque personne qui commet un crime, il existe des personnes qui voudraient se venger, donc si on laissait court à ce sentiment, il faudrait tuer pratiquement tout le monde.  C’est ce que les idiots envoyant des menaces de mort à Barack Obama à tous les jours font, ils veulent se venger de ci ou de ça.  Pour justifier la peine de mort, il faudrait des arguments rationnels libre d’émotions, ou presque… (je m’expliquerai plus loin)

M. Baillargeon part de deux principes :
P1 : On ne devrait jamais intentionnellement donner la mort à un être humain, à moins que des raisons très fortes, solides et convaincantes ne soient être avancées pour, exceptionnellement, déroger à ce principe (par exemple, en invoquant la légitime défense).
P2 : On ne devrait jamais intentionnellement donner la mort à un être humain innocent et seuls des arguments d’une force extraordinaire pourraient faire déroger à ce principe.

Ensuite il ajoute :
Si on accepte ce qui précède, c’est aux partisans de la peine de mort qu’il revient de justifier cette pratique. C’est qu’ils souhaitent en effet qu’on déroge à P1 et ils doivent donc nous donner de solides arguments qui le justifient.

Déjà, le premier principe, même s’il semble tout à fait logique, me paraît personnellement discutable.  « On ne devrait jamais intentionnellement donner la mort à un être humain »… Pourquoi? Qui a décrété cela?  Sur quoi cela se fonde-t-il?  L’humain donne intentionnellement la mort à tous les êtres vivants de cette planète sauf à sa propre espèce?  N’est-ce pas quelque chose d’hypocrite de prétendre cela alors que l’homme a depuis toujours donné la mort intentionnellement à d’autres hommes (lors de guerres par exemple, ce ne sont rarement des accidents! Et que dire de tous les morts découlant de désir de contrôler le marché du pétrole…)

Mon questionnement semble macabre, mais mon raisonnement est plutôt de nature darwiniste évolutionniste.  Ce que j’entends par là, c’est que pour toutes espèces vivantes, la mort fait partie du processus d’évolution.  Les mammifères que nous sommes se sont donnés la mort intentionnellement tout comme beaucoup d’animaux envers des individus de leur propre espèce.  Dans la nature, ces combats entre individus d’une même espèce, pour de la nourriture, une femelle, un territoire, etc. est un processus nécessaire à la survie de l’espèce dans son ensemble, et non pas au point de vue individuel.  Ces espèces réagissent ainsi car c’est inscrit dans leur génétique et c’est ainsi qu’elles réussissent à traverser les siècles.  « Survival of the fittest », donc pas nécessairement le plus fort, mais bien le mieux adapté à son environnement.

Qu’en est-il de l’humain?  Nous nous éloignons beaucoup de la sélection naturelle aujourd’hui grâce à une évolution médicale et technologique sans précédent, cependant, nous sommes des êtres sociaux, nous vivons dans un réseau social extrêmement développé.  Tout comme les termites qui protègent leur nid car toute leur colonie y est présente, l’humain s’est construit un système de lois pour protéger sa société, ses individus et dans une plus large mesure, l’espèce auquel il appartient.  Tout cela est une question de survie.  Dans notre système de loi, nous nous accordons une liberté par la protection que ce cadre légal nous donne.  Ce sont des règles de société pour assurer notre développement.  Si nous n’avions aucune loi, on peut supposer que ce serait le chaos total et un régime de terreur pourrait prendre place.  Probablement que d’autres lois se mettraient naturellement en place, mais je n’ose pas imaginer ce qu’elles seraient et comment elles seraient imposées.  Nous avons donc une liberté individuelle à l’intérieur de ce cadre règlementaire et tout fonctionne correctement tant que nous le respectons.  À long terme, pour l’ensemble de l’espèce humaine, il s’agit d’une question de survie.

Alors, que se passe-t-il quand un humain décide de faire fi de ce cadre et de commettre des crimes qui vont complètement à l’encontre de la survie de l’espèce humaine et de sa société?  Nous avons bien entendu un système judiciaire pour punir et limiter les actions ces criminels.  Par contre, il y a des récidivistes, qui commettent plusieurs meurtres, viols, etc.  Actuellement, nous décidons de les isoler pour des périodes plus ou moins longues.  Pour ma part, je pense que dans certains cas, les éliminer de notre société est la meilleure chose à faire si on prétend aimer l’espèce humaine.  Maintenir ces individus dans notre société ne peut représenter qu’un risque sérieux pour les autres et rien de plus.

Donc à mon sens, donner la mort à ces criminels endurcis ne devrait aucunement se faire afin de « punir » le criminel, ni pour générer un effet dissuasif dans la société (il a été démontré que la peine de mort n’avait pas d’effet dissuasif dans la population), mais simplement pour retirer de façon définitive ces dangers publics.

Certains ici préféreront entretenir ses criminels jusqu’à leur mort dans une prison, au risque de mettre en danger la vie des gardiens de prisons, les autres détenus et tous les professionnels qui gravitent autour de ce milieu.  Pour ma part, ce n’est pas une solution que je trouve raisonnable.  On paiera jusqu’à sa mort naturelle afin de soulager notre conscience de ne pas avoir intentionnellement causé la mort, alors que l’homme le fait depuis toujours, souvent pour moins que les actes commis par ces criminels.

Ce qui m’agace dans ce sentiment de culpabilité de ceux qui sont contre la peine de mort, c’est le vieux fond judéo-chrétien qui nous fait sentir que donner la mort, c’est mal et ça met en péril notre entrée au paradis.  Je pense qu’il faut voir au-delà de nos croyances religieuses… pour ceux qui en ont.  Certains disent que d’infliger la mort est un affront à la dignité humaine… mais qu’est-ce que la dignité? Cette notion est philosophique, il s’agit d’une notion de respect fondamental pour l’être humain et dans ce cas-ci, de la vie humaine.  Mais que fait-on de la dignité des victimes?  Des familles ayant perdues quelqu’un aux mains d’un criminel?  Pour ma part, je crois qu’il est totalement indigne de laisser ces criminels dans notre société et que de les maintenir parmi nous est un affront à la dignité de notre espèce dans son ensemble.  C’est de l’amour dont je parle, l’amour pour l’humanité que certains détruisent par leurs actions.

Finalement, il y a ce risque de tuer des innocents.  Soit, moi aussi je suis contre le fait de tuer des innocents.  Mais peut-on admettre qu’aujourd’hui, avec les nouvelles technologies et les preuves d’ADN, ces erreurs judiciaires sont beaucoup plus rares qu’auparavant?  Que l’on risque moins de faire une erreur quand il s’agit d’un criminel qui a tué plus de trois personnes, plutôt qu’une seule dans des circonstances floues?  Bref, je pense qu’on pourrait laisser la chance au coureur pour ceux qui ont de bons alibis mais qu’on inculpe quand même, mais cesser de donner des chances aux récidivistes pour lesquels nous avons des tonnes de preuves…

Devrions-nous cesser de conduire nos voitures car il y a des risques de tuer des gens innocents dans un accident?  D’accord, il ne s’agit pas de donner la mort intentionnellement dans ce cas-ci, mais je pense qu’on pourrait faire preuve de jugement dans les causes criminelles… n’est-ce pas là le devoir d’un juge?

J’ai lu dans un article de quelqu’un d’amnistie internationale que de donner la mort à un criminel pouvait coûter plus cher à la société que de le maintenir en vie dans une prison.  Bien que je reste sceptique devant cet argument, même si c’était le cas, je pense que j’aurais une préférence pour l’élimination de ces criminels de notre société, plutôt que de les maintenir en vie et en santé.

Ce plaidoyer en faveur de la peine de mort étant fait, je dois mettre un bémol à mon discours.  Infliger la peine de mort aux criminels endurcis est correct en principe (selon moi) sauf que ce processus n’est malheureusement pas aléatoire.  Effectivement, la population carcérale est principalement constituée de gens pauvres, provenant de quartier défavorisés, de déficients intellectuels, de mineurs, et le plus souvent (du moins aux États-Unis) de Noirs.  Il s’agit d’un sérieux problème de société que nous avons, la majorité de ces criminels n’ont pas nécessairement choisis de l’être, ils le sont à cause d’un contexte particuliers dans lequel ils ont vécus (ou survécus).  Le processus ne serait donc plus un processus s’apparentant à une sélection naturelle, c’est-à-dire qu’on élimine ceux qui vont à l’encontre de développement de l’humanité,  mais plutôt à un processus de sélection artificielle, ce à quoi je m’opposerai toujours.  La sélection artificielle, c’est littéralement de l’eugénisme.  Certains me diront peut-être que d’éliminer les criminels serait de faire une sélection naturelle en éliminant la « race criminelle », cependant cet argument ne tient pas la route car les populations carcérales sont le résultat d’un contexte et non pas d’une sélection naturelle au sein d’une population.  Autrement dit, les criminels n’ont pas un succès reproducteur plus élevé que les autres.  On ne s’attaquerait donc pas à une « race criminelle » mais serions plutôt en train d’éliminer un problème que nous ne pouvons pas régler à la base… la pauvreté.

L’énergie doit donc être mise à la base, réduire la pauvreté.  Beaucoup d’efforts sont faits déjà et c’est à nous de décider si nous en avons fait assez ou non.  Il n’en demeure pas moins qu’il restera toujours de ces criminels qui peu importe leur niveau de vie et leur éducation, commettront des crimes atroces… Il faut alors prendre une décision, la mienne est décrite ci-dessus…



Exemple d’un criminel récidiviste, Jean-Yves Migneault

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